3/20/2008

Où l'on n'arrive jamais.


''Le Glamour, c'est le pays où l'on n'arrive jamais. Je vous drogue à la nouveauté, et l'avantage avec la nouveauté, c'est qu'elle ne reste jamais neuve. Il y a toujours une nouvelle nouveauté pour faire vieillir la précédente. Vous faire baver, tel est mon sacerdoce. Dans ma profession, personne ne souhaite votre bonheur, parce que les gens heureux ne consomment pas. Votre souffrance dope le commerce. Dans notre jargon, on l'a baptisé ''la déception post-achat''. Il vous faut d'urgence un produit, mais dès que vous le possédez, il vous en faut un autre. L'hédonisme n'est pas un humanisme : c'est du cash-flow. Sa devise ? ''Je dépense donc je suis.'' Mais pour créer des besoins, il faut attiser la jalousie, la douleur, l'inassouvissement : telles sont mes munitions. Et ma cible, c'est vous.''

Frédéric Beigbeder, 99F.

3/17/2008

Post irrésistible

... Sur le fonctionnement absurde des grandes entreprises. Les ailes de mon coeur lourd.

3/14/2008

Glamour ou pas glamour, voilà la question


Photo de Chalmers Butterfield

Même en cette époque où l’avion est aussi banal que le bus (enfin, pas tout à fait côté prix mais côté confort, l’avion est tombé de haut depuis 20 ans), le mot voyage conserve une connotation mystérieuse et glamour. Pensez aux aventuriers en kakis prenant un vol pour une lointaine et exotique destination afin d’y découvrir des peuplades inconnues, pensez aux stars des années 50 qui se faisaient photographier sur le tarmac au sortir de l’avion, sac Hermès au bras, fraîches comme des roses malgré le décalage horaire. Imaginez maintenant la très élégante Chouette des villes flânant dans une chic boutique hors-taxe avant de prendre son vol, en toute quiétude.

HA!HA! En voilà une bonne.

De voyage en voyage, j’essaie d’émuler les stars sur le tarmac mais rien n’y fait. Une humiliante catastrophe a inévitablement lieu au détecteur de métal et je n’arrive à m’en remettre qu’une fois rendue à destination.

1) Il y a eu la fois où j’ai eu la bonne idée de transporter un pot de yogourt en plastique dans mon sac à main pour pique-niquer dans un parc de Londres, 24 heures avant mon départ. Le pot s’est fendu et malgré mes efforts pour nettoyer mon sac, des résidus de yogourt séché ont recouvert tout ce qui s’y trouvait. À l’aéroport de Londres, le sac a été jugé suspect au détecteur de métal et l'employé a demandé à l’inspecter. Lorsqu’il m’a demandé ce qu’était cette substance qui recouvrait mon portefeuille, je lui ai avoué ma bêtise en rougissant et en me confondant en excuses. ‘’Oh, ne vous ne faites pas, j’ai mis ma main dans bien pire que ça’’ me dit-il. À cette humiliation s’est ajoutée l'odeur de lait caillé se dégageant du sac, au grand dam de mes voisins d'avion.

Morale : ne jamais mettre un yogourt dans un sac à main, ranger le contenu de son sac avant de prendre l’avion.

2) Une autre fois, j’ai oublié mon téléphone cellulaire après le passage au détecteur de métal. Je m’en suis aperçue juste avant l’embarquement. Suis retournée au détecteur de métal par le mauvais corridor et ai surgi ahurie du côté des arrivées. Zut. Ai supplié le douanier de me laisser retourner aux départs sans sortir des arrivées. Niet. Au comptoir de la ligne aérienne, ai supplié le jeune employé abasourdi de me laisser retourner immédiatement du côté des départs. Ai repassé par le détecteur de métal, ai été la risée des employés de l’aéroport, et me suis mise à courir comme une folle pour ne pas manquer mon avion. Suis embarquée de justesse, le visage en sueur.

OK, j’ai compris, nettoyer son sac et ne rien oublier au détecteur de métal.

3) De voyage en voyage, j’ai appris quelques leçons. Mais il y a toujours quelque chose qui cloche. Comme cette fois, encore au détecteur de métal, où bip-bip-bip-bip on a demandé à inspecter mes bottes. Comme vous le savez, mes chaussettes sont souvent trouées. L'employé de l'aéroport a trouvé cela tout à fait charmant puisqu'il souriait à pleines dents en regardant mes pieds.

OK, j’ai compris, nettoyer son sac, ne rien oublier au détecteur de métal et ne pas porter des chaussettes trouées.

4) Cette semaine l'inspecteur du détecteur de métal de l’aéroport de Dorval s’est moqué de moi parce que j’avais trop de monnaie dans mon portefeuille. ‘’On ne voit rien au détecteur si vous avez trop de monnaie dans votre sac, vous devriez dépenser votre monnaie ma belle, il est temps pour vous de magasiner’’. Au retour, bien docile, je mets l’excès de monnaie dans un sac ziploc. Le sac ziploc éveille les soupçons de l'inspecteur qui se moque ensuite de moi quand je lui explique mes motivations.

OK, j’ai compris, nettoyer son sac, ne rien oublier au détecteur de métal, ne pas porter des chaussettes trouées et ne pas transporter trop de monnaie, et, et, et… la liste s'allonge de voyage en voyage et malgré tout, je n'y arrive pas.

Morale des ces humiliations : si tu n’es pas née glamour, tu ne le deviendras jamais.

Alors je laisse tomber. Si à l’aéroport, vous voyez une grande brune hystérique et essoufflée qui échappe ses sacs en enlevant son manteau à toute vitesse avant de passer au détecteur de métal, sa carte d’embarquement et son passeport entre les dents, venez lui dire bonjour!

3/04/2008

Une histoire d'omelette

Cette image provient de Wikimedia Commons - Projet Gutenberg.

Lecteurs d’Europe, connaissez-vous le Cheez Whiz ? Peut-on (malheureusement) en trouver chez vous ? Sinon, sachez que le Cheez Whiz est une célèbre préparation de fromage à tartiner, jaune, jaune pas naturel, jaune chimique, en tous les cas, jaune pas fromage. Ça se vend dans un pot en verre dans la section des confitures et du Nutella au supermarché. Disponible partout en Amérique du Nord, ce condiment a connu son moment de gloire dans les années 70. Il était alors de bon ton de tartiner ses rôties de Cheez Whiz au petit-déjeuner. Il n’y avait aucune honte à y ajouter une couche de confiture de fraises. Ou de se faire un bon macaroni au fromage express à la Cheez Whiz.

Tiens, vous en saurez plus en visitant ce site : www.sauvonslecheezwhiz.com/

Les temps ont changé. Oh, ce fromage, si on peut l’appeler ainsi, se trouve toujours dans les supermarchés. Mais dans le milieu où j’évolue, la classe moyenne - instruite (la Chouette des villes serait-elle snob ?), on avoue son goût pour le Cheez Whiz comme on avoue aimer Céline Dion ou les films de Madonna. Avec un peu de gêne, en insistant qu’on aime ça parce que ça nous fait rigoler et qu’on ne le prend pas au sérieux. Ex. On ne dit pas : j’aime le Cheez Whiz parce que c’est bon. Non, on dit : j’aime ça parce que ça me rappelle de bons souvenirs de mon enfance, parce que j’aime tout ce qui est kitsch, parce que la couleur est presque fluorescente et me fait halluciner, parce que j’aime aller à contre-courant. Parce que je suis cool. Mais on n’aime pas le Cheez Whiz tout simplement.

Enfin, le weekend dernier, le Grand Hibou Blond et moi nous sommes promenés à l’extérieur de Montréal. Pause-midi. Resto sympa dans la petite ville que nous visitons pour la première fois. Oups, c’est encore le menu du brunch. Bon, petit-déjeunons pour la seconde fois de la journée et commandons-nous une omelette au fromage. La dite omelette au fromage nous est servie et… nous nous apercevons qu’elle contient non pas du cheddar, du camembert ou de l’Oka. Mais non, elle contient du Cheez Whiz. C’est une omelette au Cheez Whiz.

Ha!Ha!Ha! Nous nous esclaffons. Jamais un resto de Montréal n’oserait servir un truc pareil. Nous voilà un peu snob, imbus de notre supériorité citadine mais nous mangeons la chose sans rechigner.

- Mmh.

- Mmh. Pas mal.

- Ouais, c’est bon après tout.

- Ah, te souviens-tu des recettes au Cheez Whiz des années 70 ?

Alors, le Grand Hibou Blond et moi avons reluqué le Cheez Whiz au supermarché hier soir. Je n’ai pas osé acheter un pot. Mais vous savez quoi ? C’est bon le Cheez Whiz finalement. Je crois que j’aime ça, tout simplement!